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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 09:51

Vous, qui me lisez, connaissez très certainement l’importance que peut avoir, à mes yeux, ce rendez-vous autour du Mont-Blanc. Il m’est souvent difficile de trouver l’amorce de mes récits et, c’est un peu plus vrai aujourd’hui. Mettez-vous à ma place… je dois mettre noir sur blanc, bon via le clavier je vous l’accorde, le résultat de 3 années de travail. 3 années où chaque footing, chaque entraînement ou chaque compétition ont été couru en ne pensant qu’à ce week-end autour du toit de l’Europe.

 

CCC-2012 3703Commençons alors, si vous le voulez bien, par un bref historique… Nous sommes fin 2008 et je me décide à courir pour perdre le gras accumulé ces derniers temps et stopper la courbe croissante de mon poids, devenue exponentielle depuis l’arrêt du tabac.

Quelques séances plus tard, conscient de la nécessité d’avoir un objectif pour avancer, je m’engage sur la petite boucle du Lyon Urban Trail (LUT - 23 km) et la Sainté-Lyon en relai. A cet instant, je ne le sais pas encore, mais c’est le début d’une grande aventure.

 

J’ai déjà tenté, par le passé, de me mettre à la course à pied mais, à chaque fois, tout un tas de raisons, plus ou moins recevables, me facilitaient un renoncement relativement rapide. Je comprends bien, aujourd’hui, le scepticisme de l’époque de celle qui est devenue ma première supportrice.

 

Le LUT sera l’élément déclencheur, la genèse de ce que je suis devenu aujourd’hui. Je prends rapidement conscience que je ne cours pas vite. Je m’oriente alors vers les courses longues. La route ne me plait guère, les chemins et la nature seront mon terrain de jeu. Au printemps 2009, je crée mon premier blog : objectif-ccc2012… Tout est dit !!

 

Profil

Tracé initial de la CCC 

 

Je prépare alors, seul, mais sous couvert de l’expérience de papa – ultra rouleur, une montée en charge progressives sur 3 saisons afin de, à terme, parvenir à tenir distance et Dénivelés positifs comme négatifs. Quand, comme moi, on part de zéro ou presque, croyez-moi que c’est assez épique et  les hypothèses remplacent bien souvent les certitudes. La première année sera destinée à me familiariser avec l’effort long  avec les 40km du LUT et la Sainté-Lyon solo. La seconde sera ma première rencontre avec la haute montagne via le Marathon du Mont Blanc et je remplace les 100km de Millau, initialement prévus, par la Grande course des Templiers moins longue mais plus en phase avec mon objectif final de la troisième année.

 

Ces trois années, outre les progrès dans tous les secteurs de la pratique de la course à pied (entrainement, équipement et diététique), je me découvre une véritable passion pour la planification et le suivi de l’entraînement. Je profite alors de ma trêve hivernale pour préparer mon plan de 2012. Je vous laisser imaginer la difficulté de planifier une année entière d’entrainements variés (VMA, seuil et endurance), de compétitions (Trail du Ventoux, Le Malpassant, L’incontournable) d’objectif d’intermédiaire (Maxi Race) sans négliger les phases fondamentales de récupération.

 

Je vous passe les détails – que vous pouvez retrouver dans les récits précédents - mais la première partie de la saison se passe plutôt bien. Fin mai, je boucle mon premier Ultra riche en enseignements, mon capital confiance est alors à son maximum.

Tout bascule fin juillet. Lors d’une sortie longue autour de la Croix de Nivolet, la cheville gauche se tord un peu plus que d’habitude. Je dois observer une dizaine de jours de repos qui me font repousser mon week-end choc d’une semaine. Y-a-t-il une raison de cause à effet ? Je l’ignore, mais cette blessure va me faire entrer dans une phase psychologique difficile. Je n’ai jamais vécu pareil période auparavant. Mon déficit de confiance est criant si bien que je doute fortement de mes capacités à finir ma CCC. Je revois mes prétentions à la baisse et, malgré le soutien de mes proches (ma chérie, mon coach de cœur - Philippe, mes acolytes - Régis et Patou, et les copains Laurent, Eric… et j’en oublie) et des ultimes entraînements rassurants, je prends conscience que ma force mentale n’est peut-être pas si forte que ça. Les vacances en famille seront une excellent bouffée d’oxygène sans pour autant que je parvienne à chasser totalement le doute qui me rongera encore dans l’ultime période de jus pré-compétition.

 

Alors que je lutte pour recouvrer confiance en moi et en mes capacités, la crainte d’une météo difficile se précise de jours en jours. Les SMS de recommandations se multiplient !!!

 

28 aout : 19h15

Attention ! Prévision météo : pluie, neige à 2000m, vent, froid. Températures s’abaissant en dessous de -5°C. Prévoir équipement hivernal.

 

29 aout : 20h30

Conditions prévues très froides et difficiles. 4 couches de vêtements indispensables.

 

Un Ultra est un grand plongeon dans l’inconnu. Quelque-soit son niveau, un coureur ne peut assurer l’état dans lequel il passera la ligne d’arrivée, si toutefois, il a la chance de la franchir. A priori, ce n’était pas suffisant, il manquait un peu de piment à ce 100km et ses 6000m de D+.

 

La réunion de préparation du voyage, l’avant-veille de la course, sera loin d’être une simple formalité. Patou & Régis, les deux personnes sans qui rien ne serait possible, comprennent rapidement que, alors que nous sommes encore à plus de 40 heures du départ de Courmayeur, je suis déjà dans ma course.

A conditions extrêmes, précautions décuplées. Deux tenues complètes de rechange m’attendront à chaque ravitaillement où l’assistance est autorisée. Il sera important de pas trop s’y attarder afin d’éviter les coups de froid (c’est mon Régis qui est chargé de me chasser si je m’attarde). La stratégie est, de fait, un peu plus précise qu’aux Templiers, et je suis déjà convaincu qu’un succès potentiel n’est pas imaginable, sans eux à mes côtés.

  CCC-2012-3700-copie-1.jpg

Au départ de Chamonix, avec mon Patou

 

La première galère pour mon team : le départ de la Chapelle le vendredi 31 aout à 4h30 du matin.

Je laisse ma chérie et les garçons dans les bras de Morphée bien conscient de la confiance totale et du soutien sans faille qu’ils m’accordent. Tout spécialiste vous le dira, on ne peut devenir un ultra runner sans le soutien inconditionnel de ses proches. J’ai cette chance. Toute la famille est très impliquée à mes côtés. Diététique, entraînement et diverses contraintes semblent faire partie intégrante de notre vie sans, en apparence, que cela ne demande trop d’effort. Ce n’est évidemment qu’une simple impression tant j’ai conscience des sacrifices consentis par chacun. Néanmoins, il semblerait que tout se fasse très naturellement et leur soutien semble inébranlable !!!

 

Sur la route, une fois le massif de l’Epine dans le rétroviseur, j’ai le droit à un petit aperçu du menu de la journée : Froid et humidité ! Une pause sur l’autoroute, où la fraîcheur de l’air (Température de 7°C, assez basse pour la saison) est amplifiée par la pluie et le vent, me fait prendre la (sage) décision de courir avec la veste Gore-Tex. Il est fortement déconseillé de ne pas tester le matériel avant un ultra, mais je n’ai pas le choix. Seul le Gore-Tex peut me tenir longtemps au sec, toute autre matière finissant par prendre l’eau.

A Chamonix, la température n’est plus que de 5°C et les averses sont très violentes. Régis et Patou tentent de me rassurer et de me détendre mais je sens, dans leur regard, un manque de sérénité criant.

 

 7h30, retrait du dossard, contrôle du sac et direction l’Italie où, ô miracle, le soleil nous attend. Comme beaucoup, je n’en crois pas mes yeux mais, paradoxalement, cela m’inquiète. Je m’interroge sur mon choix de tenue tout en craignant les variations météos. La réflexion sera néanmoins de courte durée ; Très vite, les nuages passent le Mont Blanc et apportent leurs premières gouttes sur Courmayeur. C’est incroyable, mais me voilà rassuré…

 

9h00, nous avons retrouvé, non sans joie, Philippe et Marie-Jo, venus spécialement pour moi. Je n’ai  pas de mot pour définir ce que m’apporte leur présence en cette matinée pluvieuse. Eux-mêmes, le faisant naturellement, n’ont pas conscience de l’impact de leur geste sur ma performance.

Le briefing ne se montre pas rassurant. Je sais déjà que la course se fera sans tête (la Tête de La Tronche et la Tête aux Vents ont été supprimées, soit la première et l’ultime difficulté), mais Catherine POLETTI (Directrice de course) nous conseille aussi de revêtir, dès le départ, les vêtements hivernaux. La neige est annoncée dès le Refuge Bertonne (1989m) où nous n’en serons qu’au cinquième kilomètre. Je respecte évidemment les consignes et enfile le pantalon d’hiver (oui, nous sommes le 31 aout) et ma paire de gants la plus efficace. Je suis aussi couvert que pour une Sainté-Lyon de décembre (3 épaisseurs en haut dont la polaire en seconde couche et Gore-Tex en 3ème, pantalon, le cuissard laissé dessous pour une double épaisseur, et gants).

 

CCC-2012-3706.JPG

Patou & Philippe, plus soucieux que moi ?

 

Je ne stresse pas trop avant le départ enfin, tout est relatif, mais rien de comparable avec les jours précédents. Je suis bien entouré, je ris, je me sens prêt. J’embrasse mes fidèles accompagnateurs et pénètre progressivement dans la solitude du coureur.

Je prends place dans le premier SAS, à proximité de la ligne. Mon cœur bat la chamade à 90 p/mn mais je me sens détendu, prêt, impatient…

Je n’écoute que d’une oreille les recommandations, je les connais… Je veux partir, les ultimes minutes sont interminables, il est temps de lâcher les fauves maintenant !! Je me refais une dernière fois mon plan de course que je résume en deux règles d’or :

  • Ne pas s’occuper des autres concurrents
  • Arriver à Champex le plus frais possible

CCC-2012-3704-copie-1.JPG

Une petite idée de la météo

au départ de Courmayeur

 

Il est important pour moi de découper un ultra, ne pas l’appréhender dans sa globalité. La CCC sera une cours de 4 étapes :

  • Courmayeur – Champex
  • Champex – Trient
  • Trient – Vallorcine
  • Vallorcine – Chamonix

Le compte à rebours, en Italien, me sort de ma coquille. Quatro, Tre, Due, Uno, et c’est parti… Je cherche les copains, dans ce public dense et bruyant… en vain. Je n’y crois plus quand j’entends mon Patou hurler mon nom dans la foule. Je lève les yeux, il est perché sur un lampadaire, c’est énorme… Le regard que nous échangeons sera mon starter. Ca y est, la course peut démarrer !

 

Je profite des premiers kilomètres dans les rue de Courmayeur. L’ambiance est magique, il y a du monde partout, les commerçants sont sur le pas de la porte, le son des cloches se mêle aux mains qui claquent en cadence. Parfois, je croise un regard rempli de respect et d’encouragements. Quel bonheur d’être là ! Un anonyme du peloton traité comme un véritable champion. Une petite parenthèse au passage. A vous, qui me lisez aujourd’hui, vous, qui encouragez les coureurs sur le bord des routes ou des chemins, s’il vous plait, continuez !! Il est vrai que certains ne vous prêtent guère attention mais pour les autres, pour moi, n’arrêtez jamais de nous encourager… C’est tellement bon !!!!

 

La pluie a cessé – enfin je pense – et j’ai très chaud. La densité du public diminue au fur et à mesure que la route s’élargit. Je marche depuis quelques mètres et j’hésite un instant à imiter certains coureurs qui se découvrent. Le bitume laisse place à la première grimpette de la journée. Le peloton s’étire quelque peu dans cette pente douce que certains passent en courant. Nous quittons la large piste pour la première partie délicate qui nous emmène au refuge Bertone, directement, puisque nous ne passons pas par la Tête de la Tronche.

Je trouve aisément mon rythme qui, je le sais, ne me demande pas trop d’énergie. La route est encore longue. Tout le monde est encore très frais – quoi que certains paraissent essoufflés -, certains courent, doublent. Fidèle à mon plan de course, je fais abstraction des autres et me focalise sur ma course, ma foulée, mon souffle. La mésaventure de la Maxi Race semble avoir servi de leçon…

Je jette un œil au lacet précédent et constate que les écarts commencent à être conséquents. A cet instant de la course je pense être en queue de peloton du premier SAS.

Au passage au Refuge Bertone (1h), je ne m’arrête pas, je suis chaud et j’ai envie d’avancer un peu.

FB-Bertonne

J’entre alors dans l’une des partie que je redoutais le plus. 7 km sans difficulté majeure et un profil plutôt roulant, grisant, dans lequel il ne faut surtout pas s’emballer. La température a nettement baissé et le vent qui nous fouette le visage rend la progression difficile. J’avance seul, régulier, sans me préoccuper des concurrents qui me doublent. A cet instant, ma seule inquiétude est cette douleur au ventre qui, pendant l’effort me gêne particulièrement. Je parviens néanmoins à ne pas me focaliser dessus.

Au pied du Refuge Bonnatti, la neige s’invite à la fête. Le vent n’a pas cessé et c’est une véritable tempête qui s’abat sur nous. La progression nécessite énormément d’énergie et c’est un grand soulagement que de retrouver le ravitaillement. Un coca, une banane, un sourire aux bénévoles et je repars.

FB-Bonati

Un coup d’œil au chrono 2h. Je ne sais pas où j’en suis par rapport à mes temps de passage mais je me sens bien et c’est là le principal. J’avance toujours en gestionnaire mais, contrairement au début de course, je marche de moins en moins. S’il y a eu une petite accalmie qui m’a permis de contempler, entre 2 nuages, de jolis sommets enneigés, il pleut maintenant sans discontinuer. La descente vers Arnuva, très grasse, met à l’épreuve la maîtrise de la glisse. A ce jeu-là, je me débrouille plutôt pas mal. Je trouve parfaitement mes appuis et je conserve toute ma lucidité. Mes entraînements hivernaux m’ont nettement fait progresser dans ces descentes aux appuis fuyants et à l’équilibre précaire. Comme dit mon Régis « y’a pas, l’entrainement ça paie ».

 

CCC-2012 3727Le bruit du ravitaillement, entre cris et cloches, fend le silence de la montagne. Le premier rendez-vous avec les copains se profile et cette perspective me réjouit. Au détour d’un virage j’entends, sans le voir, Patou qui hurle mon prénom, repris en cœur par tous ceux qui l’entoure… C’est un réel instant de gloire et je suis littéralement porté quand je pénètre dans l’aire de ravitaillement.  

L’arrêt à Arnuva sera express. Le temps de remplir la poche à eau, d’attraper quelques morceaux de banane, de chocolat, de me réchauffer le corps avec un bol de soupe et je repars. A la sortie, un échange bref avec Patou et Régis me soulage. Il est, en effet, important de verbaliser mes premières impressions après 2H40 de course. A cet instant tous les voyants semblent au vert. Je ne souffre pas trop du froid et de la pluie / neige, je suis encore frais et les douleurs intestinales de début de course ont totalement disparu. Qui plus est, je suis bien dans ma course, concentré et dans une bonne dynamique.

FB-Arnuva

Il est alors temps de s’attaquer au toit de la course avec, le Grand Col Ferret et ses 2537m, passage obligé pour rejoindre le second pays de la journée, la Suisse. L’ascension est courte, à peine cinq kilomètres, pour 800m de D+. La première rampe, à la sortie du ravito, est déjà impraticable. La trace n’est qu’un torrent de boue et les bas-côtés, larges et herbeux, sont plus proches de la patinoire que des alpages. Côté météo, à cette altitude, la neige a remplacé la pluie.

Je conserve une bonne cadence, je glisse peu et les concurrents qui me doublent se font de plus en plus rares. Peu à peu, le chemin se transforme en single pentu mais régulier. Le vent fouette la neige contre mon visage, j’ai les yeux rivés sur le sol, protégé par la visière de la casquette. Je suis très vite contraint de supporter l’inconfort de la capuche tellement le froid me glace les oreilles. Si vous souhaitez vous faire une idée des conditions dans lesquelles j’évolue à cet instant, je vous invite à jeter un œil à cette vidéo. Je vous avouerai que, dans mon souvenir, les conditions ne me semblaient pas aussi extrêmes et pourtant… j’y étais.

Je sens alors un concurrent derrière moi qui, plutôt que me passer quand je l’y invite, entame la conversation. Christophe est Belge, il vaut 2h27 au marathon, et a envie de parler. Ça tombe bien moi aussi et nos souches communes deviennent rapidement une source inépuisable à notre conversation. Nous atteignons finalement le sommet du grand Col Ferret sans trop de difficulté et le rythme demeure honorable de 640m/h (1h10 pour l’ascension). Suivant scrupuleusement  la consigne de la direction de course, je bascule sans m’arrêter dans la longue descente vers La Fouly.

FB-GrdColFerret

Je prends conscience que l’ascension a bien entamé mes réserves. Je m’entends encore me dire « celle-là elle laissera des traces ». Je marche et me ravitaille, laissant mon ami Belge partir au loin. Je croise de chaleureux bénévoles et reprends doucement la course. J’évolue à une bonne cadence, mes quadriceps ont conservé de la souplesse et le chemin ne montre pas de piège insurmontable. Les concurrents sont de plus en plus éparpillés et, le premier que je rattrape, un peu trop enthousiaste de me retrouver, perd sa concentration et plonge, la tête la première, dans le bas-côté… Il se relève sans mal et je peux continuer mon chemin. Plus tard, peu avant le ravitaillement, ce sera le tour d’un Aixois, avec lequel j’avais discuté peu de temps auparavant, de faire une magnifique cascade en glissant sur un pont mal sellé. Lui aussi repartira sans bobo.

Une bosse imprévue avant la Fouly me fait mal et je suis tout heureux de voir le ravitaillement pointer le bout de son nez (La Fouly : 32km – 2500m D+ - 5h).

Je cherche les copains, en vain… Je ne le saurais que plus tard, mais ils ont été bloqués par la circulation. Je me ravitaille (la soupe est de nouveau la bienvenue), appelle mon Patou et reprend la route sans trop tarder. Je raterai Philippe et Marie-Jo à 5 minutes près, c’est rageant mais, avec le froid, je ne peux me permettre de rester trop longtemps immobile.

FB-Fouly

J’éprouve alors quelques difficultés à me remettre en route. La descente est très roulante et impose une dépense d’énergie conséquente. Je m’octroie, de temps à autre une petite pause (en marchant) pour, me ravitailler et contempler le paysage. Je traverse, seul, Praz de Fort, magnifique commune suisse, avec ses chalets en bois typique et sa verdure à perte de vue. Un rayon de soleil et le site aurait été digne d’une carte postale.

 

Ma première erreur sera d’avoir sous-estimé l’ascension menant à Champex-le-lac. Ce que j’avais qualifié de « coup-de-cul » s’avèrera plus long et surtout plus difficile que prévu. C’est là qu’intervient mon premier véritable coup de mou. Je jette un œil à la montre, 6h. Pour la première fois, mes pensées s’égarent vers ce qui m’attend ensuite et ce n’est pas un bon présage. Je parviens, tant bien que mal, à me recentrer sur l’instant présent, ma course et la meilleure progression possible dans ce passage pentu, technique et irrégulier. Je regretterai ma négligence durant l’heure et quart qui me sera nécessaire pour gravir ces 800m de D+.

 

CCC-2012 3729Je parviens enfin à Champex, lieu de retrouvailles avec Patou et Régis, et c’est bien là, à cet instant de la course, le plus important à mes yeux. J’entends leurs cris fendre la foule toujours aussi nombreuse autour des points d’assistance. Les encouragements sont nombreux et les applaudissements nourris à mon passage et, une nouvelle fois, je croise des regards d’anonymes troublant de respect. J’attrape une soupe et tente de retrouver mon team dans la cohue de l’espace réservé aux accompagnateurs. Cerise sur le gâteau, Marie-Jo et Philippe sont à leurs côtés. Quelle chance d’être aussi entouré !

La difficulté de l’ascension précédente, la fatigue naissante, les premières douleurs… plus rien n’a de sens à leur contact. En quelques secondes je me sens revigoré. Il me semble important de vous expliquer, à ce moment crucial de la course, l’importance de la présence de Patou et Régis à mes côtés.

 

Si l’on synthétise, c’est assez basic. Toutes mes performances ne seraient pas possibles sans eux. Tout a commencé lors des Templiers 2011 où ils avaient décidé (eux ils vont vous dire que c’est moi qui ai demandé, insisté voire supplié même, mais il ne faut pas les écouter…) de me suivre sur le parcours. L’expérience de Millau ayant été un succès, nous ne pouvions que la renouveler lors de la CCC.

La journée type de mon team c’est, grasse matinée jusque 3-4h du matin, avant d’enquiller sur deux heures de route dans des conditions peu évidentes (PAF !!!). J’évite ensuite, de leur donner trop d’indication sur mon heure d’arrivée, sous-entendant même que ce pourrait être le samedi…. Midi. Enfin à chaque ravitaillement, la fatigue aidant, je suis de moins en moins aimable avec eux !!!

Malgré tout cela, ils me maternent comme ils le feraient avec leurs propres filles. Les ravitaillements sont comme des PIT STOP en Formule 1. Tout est géré, encadré, préparé. On en sent presque leur impatience de me voir repartir. Si on prend l’exemple de Champex, en quelques secondes j’étais assis, mon sac d’assistance à portée de main, mes bâtons récupérés et mes bidons prêts à être remplacés. Ils semblaient même déçus que je ne leur demande pas de changer de vêtements. Mais, bien au-delà de l’aspect purement logistique, ils sont, durant toute la course, mon repère, mes moteurs, mon énergie.  Je ne suis pas finisher, NOUS sommes finisher ! Quand tu es seul dans la montagne, que la fatigue commence à te gagner, que les éléments se déchaînent autour de toi et bien ce sont eux qui te poussent à y retourner une fois que tu as rejoint la vallée. C’est grâce à eux que tu avances et c’est pour eux que tu oublies le froid et la douleur, la difficulté et la lassitude. Ils n’ont pas conscience de ce qu’ils m’apportent sur un ultra car tout ce qu’ils font, ils le font le plus naturellement du monde. Jamais je ne voudrais les décevoir. Je n’ai pas d’autres mots les AMIS, alors simplement MERCI !!!!!!!!

  CCC-2012 3734

  L'image que je retiendrais de cette CCC

 

Je prends le temps de m’asseoir (une première depuis 9h ce matin) et je savoure ma soupe chaude et ma banane. Marie-Jo m’apprend que je suis à une surprenante 236ème place à La Fouly, ce qui, dans ma logique, signifie que les abandons sont nombreux. S’en suivent de francs éclats de rire et de belles photos souvenirs, avant que coach Régis, respectant à la lettre les consignes d’avant course, me fasse signe de ne plus trop tarder. Je lui dis avoir le temps mais c’est bien lui qui a raison, il est temps de repartir. Les mains au sec, le corps réchauffé et le moral regonflé à bloc, je pars pour ma seconde course de la journée. Patou & Régis m’accompagnent le long du lac avant de me laisser seul  poursuivre mon voyage.

FB-Champex Au pied de Bovine, je reviens sur Pierre-Yves, un Suisse rencontré le matin lors du retrait des dossards. Quelle surprise de se retrouver là. Il m’emboîte le pas et nous discutons un peu alors que les pourcentages s’accentuent. Il connaît le coin et ça m’est d’une grande aide. L’ascension est courte (moins de 5 km) mais nous fait remonter à 2000m d’altitude. La pluie, qui n’a cessé depuis des heures, rend le chemin glissant et les appuis sont délicats dans cette montée très technique. Les rochers succèdent aux racines ancrées ici depuis de nombreuses années rendant la progression lente et laborieuse. Les torrents, attisés par la pluie, sont de plus en plus difficiles à passer sans se mouiller les pieds, et, quand, enfin,  la pente nous laisse un peu de répit, c’est le ciel qui prend le relai. Au détour d’une courbe sur la droite, le vent vient de nouveau nous plaquer la neige sur le visage. Pierre-Yves est toujours là mais nous ne parlons plus. Personne ne nous a doublés depuis quelques temps maintenant, mais nous n’avons pas repris beaucoup de coureurs non plus. Je tente de progresser dans cette véritable tempête de neige qui s’accroche de plus en plus aux vêtements. Je baisse la tête, pour me protéger le visage, tout en tentant de respirer convenablement sous cette capuche qui m’étouffe. Le son des cloches me sort de ma coquille imaginaire, chaude et sèche, dans laquelle j’ai trouvé refuge. Je lève la tête et aperçoit l’étable dans laquelle il y a, ô grande surprise, un ravitaillement. Champex et sa ferveur me semblent à des années lumières de là. Je m’assois et me brûle avec la soupe, sans que la sensation soit désagréable. Autour de moi, dans cet espace confiné, tout le monde est marqué par la fatigue et le froid. J’hésite à enfiler le sur-pantalon mais, je ne sais trop pour quelle raison, je m’en dissuade. Je repars, non sans remercier les bénévoles à la disponibilité sans faille. A cet instant, j’ai perdu la notion du profil de la course, mais on m’annonce qu’il ne reste que 150m (ascensionnels)  avant la descente sur Trient. A priori, il semblerait, contrairement à ce que je croyais, que nous ne remontions pas sur la Flégére en fin de parcours. Je ne m’emballe pas, toute information demande confirmation.

FB-BovineJe termine l’ascension dans des conditions apocalyptiques. La neige dépasse les 10 cm et le chemin n’est plus qu’une succession de flaque et de gadoue. Je passe un portillon en bois avant de me lancer dans la descente. Je n’ai qu’une idée en tête, quitter la neige, atteindre les 1800m d’altitude pour, enfin, ôter cette capuche de plus en plus inconfortable. Je suis surpris par le niveau de lucidité que je conserve, alors que je suis rentré dans ma dixième heure de course. Mes appuis sont sûrs, je maîtrise glisse et vitesse, je me sens aérien. Loin de moi, aujourd’hui, la tendance à lutter dans les descentes, je cours là où d’autres marchent et je cours vite !

Je passe le Col de La Forclaz. Mon regard vire à gauche vers ce chemin où, il y a quelques semaines, j’aurais pu ne jamais revenir. J’ai perdu Jean-Yves depuis Bovine (dommage pour la bière que l’on s’était promise) mais c’est un autre Suisse qui m’accompagne dans les derniers lacets qui nous mènent à Trient. Et quel Suisse ! Depuis le Grand Col Ferret, c’est au moins la douzième fois que nos routes se croisent. Nous devons avoir sensiblement le même rythme et la même politique d’arrêt, se doublant, l’un l’autre, au grès de nos coups de mou. Nous en discutons tous les deux, nous rassurant sur notre place, notre rythme et sur la nuit qui nous guette.

 

CCC-2012 3728 

Le village de Trient avait marqué l’échec de mon week-end choc, quelques semaines auparavant. Aujourd’hui, les conditions météo ne sont pas meilleures mais, j’y retrouve mon Régis et mon Patou qui crient toujours aussi fort. Il est 20h et je culpabilise un peu en lisant la fatigue qui s’installe peu à peu dans leurs yeux. Je prends une soupe chaude, du gâteau et de la banane en entendant confirmation que nous ne passerons pas à la Flégère. De ce fait, la prochaine bosse sera la dernière. A Vallorcine il ne restera que le modeste col de Montets avant de redescendre sur Chamonix.

J’envoie mon Régis me chercher une autre paire de gants (la 3ème) sans trop de ménagement (je m’en excuse mon ami) me ravitaille encore un peu et repart sans trop tarder.

 FB-Trient

Ma course entre alors dans une nouvelle ère. Si vous ne connaissez pas la solitude du coureur d’ultra, je peux vous dire que, dans ce que je vis à cet instant de la course, il y a tout… l’inquiétude, la fatigue, la lassitude, toutes les émotions négatives regroupées sur une seule et même montée. Je traîne ma peine sur les 1000m de D+ qui doivent me mener aux Chalets Catogne. Je n’y suis plus, je décroche, je n’ai plus envie… Les concurrents qui me doublent, si peu nombreux soient-ils, sont sur une autre planète, des spectres à la lumière posée sur le front. J’essaie de trouver le réconfort dans des images positives mais elles ne restent pas. Je parle à papa, me lance le « Tu l’as bien voulu » de ma chérie mais les mètres ne passent pas, 1700, 1800, 1900… c’est long et ce, malgré une vitesse ascensionnelle supérieure à 600m/h. C’est dans la tête que tout se joue. Certes, la pente est terrible, la neige a une nouvelle fois remplacé la pluie et mes muscles me font mal depuis très longtemps. Mais, la douleur physique je m’y suis habitué et les conditions météo je fais avec depuis Arnuva. Non,  à cet instant, c’est le mental qui guide et je sens que, peu à peu, le mien, aussi fort soit-il, commence à s’effriter quelque peu.

 

FB-Soutien

De A à Z,

ma chérie aura toujours été derrière moi !!!

 

La fin d’ascension est nettement moins difficile et je rattrape un coureur avec lequel j’échange un peu. Nous sommes plus en sécurité tous les deux et, à minima, ça me permet d’atteindre le contrôle, et son immense feu de camp, sans trop de mal. Les bénévoles, peu abrité par la tente qui leur sert de refuge, en pleine tempête, à 2000m d’altitude, ont une banane du tonnerre. C’est énorme, indéfinissable, unique et ça fait un bien fou. On attaque la descente que mon nouveau compagnon semble connaître. Il court à un bon rythme et ralentit dans les passages rendus délicats par la neige qui s’accroche de plus en plus aux vêtements et au chemin. Je connaissais cette descente, de jour mais, en pleine nuit, être accompagné me rassure. Mes chevilles demeurent fragiles même si, jusqu’à là, elles ont été particulièrement épargnées.

FB-Catogne

Un faux pas et mon guide quitte le chemin. Je m’assure que tout va bien pour lui et continue la descente sans éclaireur. Nous sommes à trois et il est important de prendre la meilleure trajectoire possible pour ne pas envoyer tout le monde dans le décor. Je trouve peu à peu mes marques dans cette obscurité détrempée et mes muscles retrouvent la souplesse nécessaire à une descente efficace. Je reste lucide et conscient que mon rythme ne me donne pas le droit à l’erreur. Le chemin n’est qu’un torrent de boue. La frontale est néanmoins assez efficace pour anticiper les pierres et les racines. Je suis de nouveau seul mais l’approche de Vallorcine me fait garder le cap. Je double plusieurs coureurs, devenus marcheurs, les muscles tétanisés par la fatigue, le froid et la descente. J’entre dans Vallorcine sous les acclamations d’un public de moins en moins nombreux…

FB-Vallorcine 2

Il est 22h20, il fait nuit noire. Je cherche Patou et Régis dans la foule. Les apercevoir est un immense soulagement. Ils ont toujours le sourire alors que nous n’échangeons que très peu à cet ultime rendez-vous avant Chamonix. Nous sommes tous les trois désireux d’en finir. Je me ravitaille, attrape le dernier bidon préparé par le coach et reprend la route. Au sommet du col des Montets, il ne restera que l’ultime descente sur Cham.

 

CCC-2012 3738

Le col des Montets n’est pas une ascension difficile. Lors d’une course courte, elle doit se passer majoritairement en courant. L’ascension, sur un large chemin sans piège particulier, est régulière durant 4km pour un D+ de 200m. Nulle question de courir aujourd’hui, mais je l’attaque d’un bon pas, concentré sur ma fréquence de bâton et mon souffle. Les jambes répondent encore – malgré la quatorzième heure de course - et je sais qu’il faut éviter à-coups et mouvements excentriques. Chaque mètre est un pas de plus vers le troisième « C ». Je suis encore bien classé (240ème à Vallorcine), seulement, à cet instant, cela reste anecdotique. Il ne faut pas se relâcher, rester concentré sur l’objectif sans se soucier des autres, peu nombreux il faut dire, autour de moi.

J’atteins le sommet sans avoir trop entamé mon capital ressource et je me lance dans l’ultime descente sur une bonne foulée. Je suis surpris de trouver un ultime ravitaillement à l’Argentière. Je m’y arrête quelques secondes, par respect des bénévoles, et l’on m’annonce qu’il reste 10 km… Aïe ! J’avais tablé sur 6. Je prends un coup au moral mais l’ultime rencontre de la journée, à la sortie du ravito, me sortira de cette mauvaise passe. Roberto, un Italien !!!

FB-Argentiere

Malgré l’heure tardive, la pluie, la fatigue et la concentration nécessaire pour me faire comprendre, nous faisons un petit bout de chemin ensemble en échangeant sur nos pays, la course et la journée que nous venons de passer. Contrairement à ce que nous avaient indiqué les bénévoles, le chemin est cassant, les descentes succèdent à de courtes montées dans lesquelles il m’est difficile de courir. Je ne parviens pas à garder un rythme constant. Je rattrape une dernière fois le Suisse (celui de Trient) qui chute à notre passage, sans gravité heureusement.

 Il doit alors rester 6 ou 7 kilomètres, le chemin est plus roulant mais je n’entends plus Roberto derrière moi. Il fait très sombre dans ce bois où aucune frontale ne vient perturber l’ambiance feutrée qui règne autour de moi. Le temps me semble long, je me change les idées tout en restant concentré sur mes pas car le chemin reste délicat. Je parle de nouveau à papa alors que l’hymne des pirates, chanté en cœur la veille (l’avant-veille même) tous les 4, raisonnent dans ma tête. Mieux que cela, j’ai les images qui défilent devant mes yeux.

 

Je cours seul depuis un long moment quand, enfin, je rattrape un concurrent. Quel soulagement de voir quelqu’un. A plusieurs reprises, j’ai douté d’être sur le bon tracé. Je me retrouvais arrêté, au milieu de nulle part, en quête d’une rubalise en réponse à la lumière de ma frontale.

Je suis las, j’en ai assez, mes ischios me font souffrir, les articulations piquent et je n’ai toujours pas d’indication sur l’arrivée. Je vire à gauche, reconnait le pont emprunté au départ du marathon du Mont-Blanc, la fin est si proche et si loin à la fois. Un tunnel et, enfin, des bénévoles m’annoncent le dernier kilomètre. J’ignore s’ils disaient vrai mais ces ultimes instants me semblent interminables. La lumière se fait de plus en plus présente, je reconnais la salle du retrait des dossards, l’Arve, le village expo, un virage à droite, puis à gauche… La rue piétonne… Patou et Régis hurlent dans la nuit Chamoniarde. Leurs voix me semblent venues d’ailleurs, ils me suivent, crient, me félicitent mais je ne suis pas vraiment avec eux. Je n’ai aucune notion de temps, d’heure voire même de lieu. Je suis parti depuis trop longtemps, je n’ai plus de repère, je ne suis encore sorti de ma course. Je détache mes bâtons pour saluer, comme à mon habitude, mon ange gardien qui avait connu les mêmes circonstances de course lors de son Paris – Brest – Paris, avant que la ligne d’arrivée ne se dresse fièrement devant moi ! Le public, que je remercie, m’applaudit chaleureusement tandis que je reçois les félicitations de Michel Poletti. Je m’arrête, enfin, après 15h d’effort (14h58 pour être exact), les sensations sont bizarres et il faut un certain temps à mon esprit pour prendre conscience que tout est bien fini.

 

Pas de larme cette fois à l’arrivée, pas de soulagement particulier non plus. Je suis simplement heureux de mon voyage. Une nouvelle fois mon team, s’occupe de tout, bâtons, sac, vêtements secs… Je les remercie une énième fois (ou en tous cas j’espère l’avoir fait) et on prend le temps de poser pour quelques photos souvenirs malgré la pluie et le froid.   048-copie-1.JPG

Je suis finisher de la CCC ! Trois ans de travail pour en arriver là. Tronquée ou pas, cette édition restera dans les annales comme, dantesque. Je suis fier de moi (241ème) mais, au-delà de la performance, ce qu’il y a de plus important à mes yeux à cet instant c’est que, en terminant cette course, je rends beaucoup de gens heureux autour de moi.

Ma chérie en premier lieu. Sans elle, devenir un ultra runner aurait été un rêve que je n’aurais pu accomplir. Elle n’a jamais douté de moi, m’a mis en confiance quand le moral baissait et fait surtout TOUT au quotidien pour que je puisse préparer convenablement de telles échéances. Ma chérie, ce succès, c’est autant le tien que le mien.

Les garçons aussi, si jeunes soient-ils… Ils n’ont pas encore conscience de la portée exacte de ma course mais, l’éclat dans leurs yeux, lorsqu’ils parlent de la montagne et de leur papa qui y coure vaut tout les soutiens du monde.

049

Le kit "Il ne peut rien m'arriver"...

Dessins des garçons, petit mot de ma chérie, parcours

et temps de passage

 

Patou & Régis, évidemment ! Leur soutien et leur implication à mes côtés pendant la course mais aussi tout au long de l’année est une pierre fondamentale au succès d’un tel projet. Sans vous, mes amis, je ne serais pas allé au bout de cette CCC. Je n’ai pas de mot assez fort pour vous remercier. Au passage, un grand merci à Chris & Cindy qui me laissent leur mari pour 24h non-stop !!!

 

Je ne peux évidemment pas oublier ici, Philippe et Marie-Jo, venus spécialement pour moi à Courmayeur. Comment trouver les mots pour expliquer ce que cela me fait et m’apporte ? Une anecdote de course explique bien cela : je n’ai quasiment pas souffert du froid mais, après vous avoir dit au-revoir à Champex, j’ai pesté contre cette météo qui, si elle avait été plus clémente, vous aurait certainement fait rester plus longtemps à mes côtés.

 

Enfin, tous ceux qui me suivent, avec évidemment au premier plan, ma maman, inquiète toute la journée du vendredi et émue aux larmes à l’annonce de mon résultat. Papa évidemment qui m’aide, veille sur moi et m’accompagne dans cette quête. Tous mes amis, ma famille, collègues de travail ou simple connaissance.

Merci à tous pour votre soutien et votre confiance. Ma quête de l’ultra est en marche. La CCC n’en sera finalement qu’une étape. J’espère que vous serez toujours aussi nombreux à me suivre !!!

ParcoursLe parcours final de cette année 2012

 

Pour conclure, et avant de parler chiffre et matériel, l’ultime joie de cette magnifique journée sera, que mes compagnons d’un jour (Pierre-Yves, Christophe et Roberto), soient tous les 3 finisher de cette CCC mémorable.

 

 

Les chiffres clés pour préparer la CCC 2012 (depuis le 1/1)

110 séances de course à pied (200h)

1800 km / 45 000m de D+

15 sorties de vélo (VTT, route et Home-Trainer)

18 séances de stretching et gainage

 

L’équipement pour le jour J

Maillot première couche Salomon

Polaire seconde couche ASIC’S

Veste GORE-TEX Salomon

Cuissard & Casquette ADIDAS

Pantalon d’hiver et chaussettes KALENJI

Gants et Bonnet ODLO

Bâtons LEKI Carbon

Chaussures & Sac SALOMON SLAB

Booster BV Sport

 

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commentaires

C
Voir Blog(fermaton.over-blog.com)No.4- THÉORÈME POLY. - La fin des certitudes ?
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C
Juste un mot : MERCI !<br /> <br /> Merci pour ce récit, une nouvelle fois délicieux ! ça aura été un régal de lire ta prose.<br /> <br /> Merci d'avoir partagé avec nous - simples lecteurs/collègues - cette formidable aventure avec tant de sincérité, humilité et simplicité!<br /> <br /> Merci de nous avoir ouvert la porte de ton intimité, c’est un très joli cadeau que tu nous fais là !<br /> <br /> Pour moi, ta performance ce n’est pas ton classement (bien que celui-ci soit très sympathique), c’est le dépassement de soi dont tu auras fait preuve durant ces 15 heures de course (14h58 pardon,<br /> ne minimisons pas quand même !)<br /> <br /> Je ne te dirai pas que j’ai versé ma petite larme en te lisant ça te ferait trop plaisir … mais tu peux être satisfait.<br /> <br /> Bref, je t’adresse encore une fois mes sincères et admiratives félicitations !
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R
Suite et fin...<br /> <br /> (comment fait-il pour écrire d’aussi long compte rendu ?).<br /> 1h45- Nous rejoignons le Scénic garé stratégiquement à côté des douches pour éviter à notre champion d’avoir trop mal aux jambes. Encore une fois, nous sommes vraiment bien organisés.<br /> 1h50 – Direction la Chapelle de la tour, le retour est cool. Nous évitons des aquaplanings en maintenant une vitesse moyenne de 110 km/h<br /> 3h50 – Nous déposons le Champion, il faut encore lui porter ses différents sacs jusqu’à sa porte, il abuse quand même quand on pense qu’il n’a pas utilisé un seul des vêtements présent dans ce<br /> fichu sac.<br /> 4h20 - Je me couche enfin, satisfait du devoir accompli, ce n’est pas facile tous les jours d’avoir un ami comme DD.<br /> <br /> Nous, nos chiffres c’est :<br /> 3 litres de cafés pour seulement 0.5 litres bus.<br /> 1 paquet de chips familiale mangé en grande partie par Patou<br /> 1 saucisson pas touché<br /> 1 boite de pâté pas touché<br /> 1 coulommiers<br /> 1 pain de campagne<br /> 4 parts de quiche<br /> 6 gâteaux au yaourt<br /> 4 compotes à boire<br /> 1 paquet de BN<br /> 1 pack d’eau Vittel<br /> 1 pack d’eau Cristaline<br /> 1 rouleau de PQ<br /> <br /> Notre équipement :<br /> Duvet<br /> Combinaison de ski<br /> Parapluie<br /> Gant de ski<br /> Bonnet<br /> <br /> Tout compte fait, c’était bien sympa, avec Patou nous avons dû refaire 253 fois le monde. Nous avons rencontré un tas de gens différents et vécu une belle aventure avec toi.<br /> <br /> Maintenant, si j’écris moins bien que toi, c’est que j’ai eu les phalanges coupés à cause des engelures.<br /> <br /> Mais tout cela pour dire que c’est cool d’être accompagnateur, pour nous aussi c’était un plaisir d’être à tes cotés. A bientôt mon ami.
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R
C’est bien de faire ton malin, mais nous aussi, on a des choses à dire ou à écrire.<br /> <br /> Tout d’abord avions-nous le choix, vue comme tu nous saoul depuis 3 ans avec la CCC, nous étions obligés de venir.<br /> <br /> Même si avec Patou, nous avons dû cumuler les séances d’entrainement au risque de mettre en péril notre préparation marathon. Mais tant pis si nous ne faisons pas 2h45 au marathon. Ce n’est pas<br /> grave, nous préférons te coacher pour ton grand objectif…<br /> <br /> Une journée type de suiveur sur la CCC :<br /> <br /> 4h30 - Devant chez toi déjà c’est trop tôt (surtout pour amener une voiture au garage, enfin je me comprends…).<br /> 7h30 - Arrivé à Chamonix, le jour se lève et nous nous faisons copieusement engueuler par une éternelle mécontente parce que l’Ultra Trail du Mont Blanc prend toutes les places sur les parkings.<br /> Toi, tu es plutôt flatté d’être pris pour un coureur de l’ UTMB, nous on gueule.<br /> 7h45 – Arrivé devant le gymnase pour prendre ton dossard, c’est des sportifs qui nous disent que nous parlons trop fort. Effectivement, certain concurrents dormaient, la remise des dossards ne<br /> commence pas avant 8h00 (dire qu’on aurait pu dormir 15 min de plus).<br /> 8h30 - Enfin le départ vers l’Italie, ça c’est plutôt cool. Je pense déjà au café croissant en terrasse…<br /> 9h 15 - Mais en attendant le départ, nous nous apercevons que nous « l’intendance » n’avons pas pris de tenues de rechange, ni de gants… En gros, nous nous « caillons les meules ».<br /> 10h00 - Le départ : nous vous encourageons et là il faut le dire, c’est plutôt sympa.<br /> 10h20 - Pour le café et les croissant c’est un peu plus compliqué, Patou est obligé dans venir presque aux mains avec Philippe pour payer sa tournée. Heureusement des voisins de tables proposent<br /> que Philippe paie leurs consommations.<br /> 10h50 - C’est le moment tant attendu, on part pour le premier ravito direction l’Arnuva. A cet instant, nous ne savons pas que c’est un véritable enfer que nous allons affronter.<br /> 11h15 - Nous nous garons à 30 mn à pied des ravitos (dixit une jolie italienne) après avoir marché 30 mn en profitant du paysage des Alpes italiennes, un véritable déluge s’abat sur nous et en<br /> moins de 5 minutes nous sommes transi de froid.<br /> 12h00 - Arrivé au ravito (au bout d’au moins deux heures de marche!!) nous avons la désagréable surprise de ne trouver aucun lieu pour se mettre à l’abri. 12h05 - Heureusement une idée nous vient<br /> et nous squattons les meilleures places du secteur. Là nous patientons un moment et luttons contre la congélation progressive de nos postérieures. Heureusement le paysage nous distrait de temps en<br /> temps…<br /> 12h 55 - Après avoir vu Greg, nous repartons pour une petite ballade oxygénante.<br /> 13h40 – Nous arrivons à la voiture, nous consultons la carte routière et nous apercevons que nous avons 2 alternatives pour rejoindre La Fouly : la première, 80km avec le passage du col du Grand<br /> Saint Bernard - la deuxième, 100 km avec le tunnel du mont blanc.<br /> Nous partons en décidant de prend l’autoroute italienne direction le col du Grand Saint Bernard. La route est longue, très longue, en plus sur une autoroute limitée à 100km/h puis de même sur la<br /> route du col limitée 80km/h. Nous avons faim, les ravitos nous attendent dans le coffre. Je m’arrête rapidement pour prendre la glacière. Nous nous vengeons sur les chips et les parts de quiche<br /> préparées par Cindy.<br /> 14h40 – Nous passons la frontière et le tunnel du Grand Saint Bernard. Stressés par le temps qui passe, nous attaquons la descente ralentis sans cesse par des conducteurs suisses qui semblent nous<br /> dire « y pas le feu au lac ».<br /> 15h00 – A un croissement pour Champex, nous hésitons et décidons d’aller à La Fouly, c’est une montée rapide que j’effectue digne d’Ari Vatanen (non, non je ne me vente pas, je suis réaliste.)<br /> 15h10 – Nous sortons en sprintant pour rejoindre la ligne de ravitaillement mais Marie Jo et Philippe nous annoncent que Greg est passé il y a 10 minutes et qu’il a un super classement.<br /> 15h15 – Nous sommes dans le Scénic prêt à repartir vers Champex, dans la descente nous croisons plusieurs fois les coureurs. Nous préférons assurer et ne nous attardons pas.<br /> 15h55 – Arrivé à Champex, nous nous précipitons vers la tente de ravitaillement et décidons de descendre en amont pour guetter notre Greg.<br /> Cette fois nous avons pensé au parapluie et c’est beaucoup plus sec. Il faut bien passer le temps et Patou se met à encourager avec force les divers concurrents. Il reçoit un beau succès auprès de<br /> certains sportifs et des nombreux spectateurs présents malgré les seaux d’eau qui tombe sur notre beau parapluie vert. Ce qui surprend le plus, c’est la rapidité de Patou à donner les noms de plus<br /> de 90% des concurrents. Oui, Patou arrive encore à lire sans lunette les dossards, surprenant. Mais il faut aussi reconnaitre que d’autre reste hermétique à ses jeux de mots, sûrement le froid.<br /> 17h00 – Toujours pas de Greg, nous avons froid, le sac de change pèse lourd…<br /> 17h02 – Il arrive avec un super sourire. Nous sommes soulagés. Nous l’accompagnons à l’intérieur de la tente du ravito.<br /> 17h10 - Nous repartons direction Trient, après une étude de carte approfondie, un calcul des différents parcours possibles, Patrick me propose un parcours court mais rapide.<br /> 17h40 – Nous sommes au milieu de nul part dans la montagne suisse, demi-tour et on continu.<br /> 18h00 – Nous arrivons à Trient. Direction la tente ravito, enfin sûr d’avoir un peu d’avance sur Greg nous nous installons dans le coffre pour manger un bout de fromage et boire un café. Enfin nous<br /> pouvons déguster les petits gâteaux préparés par Christelle.<br /> 18h15 – Nous trouvons un poste d’observation idéalement protégé de la pluie. Nous attentons Greg. Malgré les encouragements aux différents coureurs, nous avons froid.<br /> La nuit tombe rapidement et nous refusons de suivre les conseils de Laurie pour nous réchauffer. Nous préférons échanger avec nos voisins. Chacun parle de son champion et commente les derniers<br /> évènements de la course<br /> 20h00 – Alors que certains concurrents se rappellent des encouragements de Patou; Greg apparait dans la nuit, nous l’accompagnons dans la tente ravito.<br /> 20h04 – Il repart dans la nuit et nous vers Vallorcine.<br /> 20h30 - Nous arrivons à Vallorcine, la route a été facile et nous nous délectons déjà d’un repas dans un bistrot local.<br /> 20h40 – Perdu, il n’y a rien dans ce bled à par des voitures qui se garent où elles peuvent sous une pluie qui ne diminue toujours pas. Nous nous dirigeons vers les chapiteaux de<br /> l’organisation.<br /> 20h50 – Patou en a marre des chips, il décide de m’offrir un Hot dog arrosé d’une bonne bière, il ne faut quand même pas oublier l’entrainement.<br /> 20h55 – Notre accent dauphinois ou la fatigue font que l’on a du mal à se comprendre avec les locaux.<br /> 21h20 – Nous pouvons enfin savourer notre repas abrité entre 2 gouttières.<br /> 21h30 – Nous retournons à la voiture, que nous avions pu garer à un endroit stratégique. Nous avons le temps d’échanger avec Patou, et de penser aux personnes qui suivent les coureurs en utilisant<br /> le service de navette, pour eux c’est plus qu’une aventure c’est un chemin de croix.<br /> 23h40 - Heureusement pour nous, notre champion n’est pas trop mauvais et déjà nous le rejoignons au ravito. Là, il fait son malin avec sa veste Gore tex toujours étanche alors que la majorité des<br /> concurrents en sont à la deuxième et que malgré cela ils sont trempés.<br /> 23h50 – Nous partons vers Cham, chacun part ces propres moyens, et à ce moment précis je préfère le mien.<br /> 24h20 – Nous nous garons à la même place que le matin et gagnons le centre-ville.<br /> Nous, qui espérions faire les magasins à Cham, sommes un peu déçu, tant pis nous rentrons dans un bar.<br /> 24h25 – Nous hésitons entre un whisky et un café, le café l’emporte de peu mais il y a encore quelques heures à tenir éveillé.<br /> 00h20 - Retour sur le terrain, on trouve un nouvel abri de fortune pour se protéger de la pluie, toujours là constante et infatigable, elle. En l’occurrence, cet abri est là devanture d’un magasin.<br /> Commerce qui nous fait reconsidérer notre idée, c’est mieux qu’il soit fermé car les guêtres à 800€ sont hors de budget même si nous avons la carte bleue de Greg avec le code bien sûr (mais nous<br /> n’avons pas abusé, enfin je crois…).<br /> 00h40 - Nous changeons de devanture de magasin chassé de notre refuge par des supporters équipés de cloches savoyardes, et je ne parle pas de leurs femmes. Notre nouvelle abri est déjà occuper par<br /> une dame qui guette l’arrivé de son fils, un petit gars du nord de 47 ans qui fait la CCC pour la première fois comme notre Greg.<br /> 00h55 - Enfin le voilà, bientôt la victoire, la délivrance, on en profite pour courir avec ou plutôt derrière lui afin qu’il puisse savourer pleinement sa victoire.<br /> 1h02- On se fait prendre en photo par une jolie jeune fille, le bon mot de Greg nous prouve qu’il lui reste encore de la pêche (t’inquiète pas Laurie, il n’avait pas tous ses moyens).<br /> 1h04 - Alors que nous croyons enfin rentrée, Non !!! Il trouve le moyen de se faire interviewé par une journaliste d’Esprit Trail… décidément trop fort ce Greg.<br /> 1h20 - Direction les douches, pas pour nous pour lui, mais à peine pénétrons-nous dans le palais des sports de Cham que nous nous faisons rappeler à l’ordre.<br /> 1h40 – Je vous passe l’épisode des douch
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M
Greg,<br /> <br /> Comment ne pas être ému par un tel récit, pas besoin ici de vidéos, rien que des mots, mais ils reflètent parfaitement<br /> l'intensité de l'effort et de la douleur que tu as dignement surmonté.<br /> Marie-Jo et moi-même sommes très touchés par tant de reconnaissance, mais si cela a contribué à t'aider, nous te<br /> promettons d'être avec toi lors de tes prochains défis et nous sommes certains qu'ils seront grands et ambitieux.<br /> Merci Greg et félicitation pour cet exploit.<br /> A bientôt.<br /> Philippe & Marie-Jo
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