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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 19:26

010En ce dimanche 7 octobre 2012 je pénètre dans un monde de la course à pied qui m’est encore inconnu. Un monde où le D+ n’a pas lieu d’être. Un monde où le chrono, parfois adulé, souvent détesté est roi. Un monde où les chemins sont bannis, où le Camel pèse trop lourd et où Salomon et North-Face sont inconnues au bataillon. En ce dimanche automnal, j’entre dans les coulisses de la référence de la course à pied, la distance rêvée de tous voire inaccessible pour le commun des coureurs : j’ai nommé le marathon !

Si vous souhaitez vous faire une idée de ce que représente cette distance, c’est très simple. Postez-vous juste derrière l’arche d’arrivée d’une des nombreuses épreuves du calendrier et  regardez les concurrents passer la ligne… qu’ils soient premiers en un peu plus de 2 heures ou deniers en 5 heures et plus, regardez leur regard, scruter leur démarche, écoutez leurs mots, saccadés par un souffle trop court, et vous comprendrez. Vous serez alors face à des marathoniens, et je peux vous dire que c’est un titre que chaque finisher peut porter haut et fier.

Au premier abord, ça semble cool. Grasse mat jusque 5h, température proche des 17°C et la pluie annoncée n’a même pas mouillé un coureur. Ah oui, j’oubliais de préciser une chose importante… fondamentale même, je ne cours pas !!! Les rôles sont inversés, le stress ne m’accompagne pas, je ne sors pas de semaines de préparation exténuantes, je suis passé de l’autre côté…. Cette fois je suis un accompagnateur et c’est au tour de Régis & Patou de porter le dossard.

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Je suis heureux d’être là, de tenter de leur rendre un peu de ce qu’ils m’ont apporté il y a cinq semaines. S’il n’y a pas de stress mais énormément d’excitation… Cette course représente beaucoup pour mes deux Amis. C’est une première pour mon Régis, dont l’ouverture d’esprit sportif force mon admiration. Tout le contraire de moi, enfermé dans la course de montagnes. Lui, il veut découvrir, connaître, juger par lui-même. Il s’est préparé… sérieusement, bon toujours à la méthode Régis, mais sérieusement tout de même. Surtout, il a nettement progressé sur lui-même. Il est plus en confiance, sûr de ses capacités et conscient de sa force mentale. Si je prends un peu de recul, ce virage, je le situe cette saison, au Ventoux. C’est là, sur les pentes du Géant de Provence, qu’il a compris, alors qu’il était en souffrance, que son esprit guidait ses pas, et que, là où il voulait aller, ses jambes le mèneraient. L’idée du marathon lui est venue comme ça et, un jour, au détour d’un footing, il m’a avoué vouloir tenter l’expérience. En se disant simplement pourquoi pas.

Pour Patou aussi c’est une première… mais une première de sa nouvelle carrière ! Oubliés les chronos au-dessous des 3h, le bonheur est ailleurs. Il y a deux ans, il ne voulait plus toucher une paire de basket, puis il s’est mis au trail, avant de faire du court... Il est tellement imprévisible, le bougre, que son retour sur le 42 bornes ne m’a pas surpris plus que cela ! Au départ, c’était pour le faire avec Régis mais, très vite, j’ai vu qu’il le préparait comme un véritable objectif personnel, un défi même. Il fallait lui ôter l’idée d’aider Régis dans sa quête mais plutôt se concentrer sur sa perf. Bon ce n’est pas facile quand on connaît l’animal, mais il suffisait de le rassurer sur le fait qu’il ne laissait pas tomber son ami et c’était parti. Très vite, il s’est lancé dans une préparation structurée, organisée, encadrée, planifiée… Mais tout cela, à la mode Gourguechon… Tout à bloc !!! Cet homme n’est pas fait de chair et d’os comme nous. Il possède un potentiel hors-norme, et une faculté de récupération incroyable. Ses périodes de récupération se comptent en heure, ses séances lui permettent de préparer des 10 000 comme des semi, mais dans le même plan. Quand il ne court pas, il roule… Et, demandez aux Natu’runbike, sur deux roues aussi il mine tout le monde. C’est une force de la nature même si là, pour changer, il n’a pas suivi les conseils du coach… on y reviendra…

Bon voilà, le décor est planté.  A 7h30, nous nous garons sur les quais du Rhône. Nous ne sommes pas en avance, nous sommes les premiers ! Le jour se lève à peine et les bénévoles s’affairent à leurs tâches. On pourrait croire que l’on est là trop tôt mais non.  Nous avions prévu les aléas qui, eux, sont restés au chaud.

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On trouve un endroit pour poser les fesses de nos stars du jour et patientons, calmement, que l’heure du départ approche. La place Bellecour s’anime sous nos yeux. Les runners prennent peu à peu la possession de l’endroit. On entend, çà et là, les fanfares répéter leurs gammes pendant que le speaker commence à se chauffer la voix. Tout un monde gravite autour de nous. Des compétiteurs concentrés et affutés, des néophytes stressés et un peu perdus, ou des touristes, ventripotents, arborant fièrement le t-shirt offert par l’organisation. Des jeunes, fraichement sortis de discothèques, se demandent, devant ce spectacle, s’ils n’ont pas trop forcé sur les produits plus ou moins licites !! 15000 coureurs, répartis sur les trois courses, ça change une ville, même une ville comme Lyon qui a pour objectif avoué de créer un événement de masse.

A 8h30, nous nous approchons du SAS D, centre d’accueil pour coureur visant les 3h30 et moins sur la distance reine. Patou et Régis stressent tandis que Cindy et moi… oui, je ne l’avais pas encore mentionnée mais c’est en couple que nous suivrons nos coureurs préférés… Couple dans le sens binôme homme - femme… je tiens à rassurer tous les lecteurs dont 2 en particulier qui se reconnaîtront. Je tente bien de balancer quelques vannes pour détendre un peu l’atmosphère mais elles reçoivent un accueil plutôt mitigé. Une jeune fille tente de discuter un peu mais, en sauvage qu’ils sont, rien ne les sort de leur concentration. Eh bien, si c’est comme ça nous, on se casse… On les embrasse (H-10mn) et enfourchons les vélos pour prendre la direction du premier point de rencontre, le kilomètre 6. Hop Hop Hop … Sachez que si vous emmenez une femme avec vous, il y a des impondérables. J’entends déjà d’ici le mécontentement et les huées féminins ou féministes. Mais c’est bien le cas… Point de pipi de dernière minute ou d’appoint maquillage. Non, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué… Juste la perte d’un appareil photo, un plongeon dans une masse de coureurs et d’accompagnateurs non quantifiable pour un retour, évidemment, les mains vides. Un appareil photo, sur un banc, seul, et personne qui ne l’embarque. Chez les Bisounours peut-être. Cindy revient donc, sans appareil, puisqu’il était dans le sac…

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On enfourche les vélos, contourne l’imposant peloton  - 15 000 personnes je me répète – et rattrapons les quais du Rhône pour remonter vers le parc de la tête d’or. Nous posons finalement les vélos un peu plus loin que prévu, ce qui nous offre un double passage (7ème et 16ème kilomètre) sur le semi et le marathon (le 10 km ayant rejoint les quais bien avant).

Très vite, la voiture ouvreuse parvient au sommet de la légère montée où nous nous sommes postés. Le leader de la course passe – dossard marathon excusez-nous du peu – devance de petits pelotons dont la vitesse est bien supérieure à ma VMA. Sans idée de l’heure effective de départ du sas D – le plus important à nos yeux - il nous est impossible d’évaluer quand nos deux runners vont nous croiser. Nous scrutons donc les coureurs qui, de plus en plus nombreux, défilent devant nous. La densité du peloton est impressionnante, et ne va pas en diminuant. Je filme, tentant de reconnaître un visage, une tenue, une voix, en vain… Enfin, je perçois la voix de Patou qui a vu Cindy. Il me passe, noyé au cœur du peloton. Je ne vois même pas son visage. Une poignée de minutes plus tard, Régis arrive à son tour. J’ai tout le loisir de le voir et de l’encourager mais je ne le filme pas… Il fallait choisir…

Le flux de coureur ne cesse de défiler devant nous. 8000 personnes, 16000 baskets, quelques fauteuils, des malvoyants et leurs accompagnateurs, un tonneau… Le marathon du Beaujolais fait sa promotion malgré les petites marches à gravir dans la portion où nous sommes.

Nous quittons le peloton du septième kilomètre, qui ne cesse d’affluer des quais, pour rejoindre la tête de course qui ne va pas tarder à passer le seizième à quelques mètres de là. Le contraste est saisissant. D’un côté des athlètes bondissants, à la foulée incroyable, courant aux alentours 20 km/h qui croisent des coureurs, admiratifs, avançant moitié moins vite.

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L’avenue est large et, malgré la densité de coureurs, on peut apercevoir Patou et Régis bien avant qu’ils arrivent à notre hauteur. L’écart a quelque peu augmenté sur les 10 derniers kilomètres mais ils ont, tous les deux, très bonne mine. Ils semblent frais et heureux de nous entendre hurler leur prénom. L’espace d’un instant, ils sortent d’un certain anonymat au sein d’un peloton très concentré sur l’effort. Les dossards noirs du marathon semblent peu nombreux et j’entretiens l’espoir de pouvoir les suivre un peu plus dans le second semi.

De retour au vélo je croise Isabelle aussi surprise que moi de se retrouver là… J’espère que son semi s’est bien passé. Nous quittons les ultimes concurrents, tout sourire, ravis de nos encouragements avant que, enfin, la voiture balai ne ferme la route devant un participant du marathon.

On reprend les quais du Rhône, en direction du sud cette fois en s’octroyant un petit crochet par la course. Le temps de croiser une nouvelle fois Régis – du bonheur – et nous reprenons la route. Je ne ménage pas Cindy, descend les dents, monte et saute les bordures, du vrai VTT urbain… Elle s’accroche à mon rythme et il nous faut  moins de quinze minutes pour rejoindre les quais de Saône au sud de Perrache.

Changement de décor : nous sommes – enfin eux surtout – au 23ème kilomètre. Terminé les pelotons à n’en plus finir, les coureurs sont souvent seuls voire par groupe de 2 ou 3 grand maximum. Certains commencent déjà à marcher alors que d’autres tirent déjà la langue. Nous croisons Patou, toujours très frais, fier de nous annoncer une place dans les 200 premiers. Il va bien et le peu de coureur et de circulation me permet de faire quelques hectomètres près de lui. Sa foulée reste dynamique et, même s’il n’a plus l’aisance des premiers kilomètres, on sent bien qu’il tourne à des cadences proches de 4’30 au kil. Les voyants sont au vert mais je sais pertinemment t que la course est encore longue.

Nous le laissons pour retrouver Régis qui perd toujours un peu de terrain sur Patou. Rien d’anormal, ils ne sont pas sur les mêmes objectifs, mais je vois qu’il traverse son premier passage à vide. Comme Patou l’avait fait auparavant, il se soucie de son acolyte (ils n’en ont pas assez d’eux) et ne me croit qu’à moitié quand je lui dis qu’il n’est pas loin devant. Je lui rappelle les rudiments de l’effort long, rester concentrer sur son effort sans négliger l’alimentation et je le laisse légèrement inquiet. Une inquiétude que je retrouve dans le regard de Cindy.

Une fois le labyrinthe de Confluence assimilé, nous les croisons encore un certain nombre de fois. Bien mieux que mes prévisions, qui ne tablaient que sur 6 à 7 rencontres maximum. Ils entourent tous les deux le meneur d’allure des 3h30 ce qui nous facilite grandement le travail.

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Nous encourageons aussi les autres coureurs qui nous renvoient souvent un léger rictus tranchant avec un visage déjà marqué par l’effort. La température est toujours optimale pour un marathon et la pluie ne s’est toujours pas invitée (certains n’ont pas eu cette chance autour du Mont-Blanc).

Je laisse Cindy et son DouDou, qui se refait tout doucement, et tente de rattraper le Patou. Il a vraiment fait le trou l’animal. Je passe le pont Pasteur et longe la Halle Tony Garnier sans cesser d’encourager les concurrents. Toujours pas de Patou. Autour de Gerland, je croise Léa et Laurine qui viennent de le voir passer… Ouf… je commençais un peu à m’inquiéter ! Je discute un peu avec le papa de Cindy avant que Patou ne sorte du stade, pas la grande porte. Je vois, tout de suite, qu’il est moins aérien, plus tassé, l’impact du pied plus lourd sur le sol. Je le suis sur une centaine de mètres - on croise Régis au loin que l’on encourage - en tentant de le rassurer sur la banalité et la normalité de son état, et qu’il est encore plutôt pas mal. Sa vitesse a chuté mais l’important n’est pas là, il doit s’accrocher pour sortir de ce moment difficile. Je le laisse, non sans inquiétude, préférant qu’il reste concentré sur sa course, sa foulée et son souffle. Finalement il est humain…

J’ai retrouvé Cindy et ses filles quand, Régis, à son tour, sort du stade. Il est mieux, ce n’est pas encore la grande chevauchée mais la présence de ses filles suffit à le redresser et à lui faire allonger la foulée. Un vrai coq ce Régis quand il s’y met. Nous le quittons à l’entrée du parc Gerland, et remontons le peloton des coureurs à plus de 4 heures. Ils souffrent mais semblent, majoritairement, tout heureux d’entendre nos chaleureux encouragements.

Cindy me suit toujours à la trace dans ce VTT Urbain et, même si elle tire un peu la langue, s’en sort plutôt pas mal. Nous rattrapons les quais, juste avant le passage de Régis que nous accueillons en triomphe. Je suis certains que ceux qui l’accompagnent à cet instant en sont jaloux. Bon, à vrai dire lui, il s’en fou pas mal. Les seules choses importantes à ses yeux, à cet instant, sont, sa vitesse qui ne cesse de décroitre – surprenant après 3h de course non ? – et un point de côté qui le gène particulièrement.

Je le suis que quelques hectomètres. Mes encouragements sont un peu durs. Je ne veux pas qu’il se laisse pas aller à la tentation de la marche. Il a mauvaise mine… Je lui donne la solution pour chasser ce point qui le parasite et je le laisse, plus par impuissance que par choix. J’aimerai l’aider mais je ne peux malheureusement pas faire grand-chose de plus. Il est dans les 10 derniers kilomètres et, pour bien connaître ce qui l’attend, il n’est pas au bout de ses peines.

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On le laisse pour rejoindre Patou. Sur les quais, épargnés par le vent, les coureurs sont de plus en plus dispersés, les foulées sont saccadées, les visages marqués, de vrais automates au visage figé. Après la piscine, nous croisons les coureurs qui sont sur le retour, je suis marqué, voire choqué, par leur visage, leurs traits, leur allure. Tout n’est que souffrance et usure. Et, je vous parle pourtant ici de ceux qui tournent en 3h… Ce passage bouleverse mon âme de coureur et je crois que c’est à cet instant que j’ai définitivement décidé que je ne courrai jamais le marathon.

Peu après le meneur d’allure des 3h30 – qui est de plus en plus seul  au fil des kilomètres – j’aperçois enfin Patou. Le temps d’un regard à Cindy, et il se met à marcher. Si la marche fait partie intégrante de mon activité, en marathon ça ressemble plus à un échec… Aïe ! Je parviens à sa hauteur, il ne se retourne même pas sur moi. Il a le masque. Il est dans le dur et c’est bien peu de le dire. Son moral n’est pas au mieux et les mots pour le remotiver peinent à venir. Je sais ce qu’il vit à cet instant, j’ai aussi connu ces moments où tu ne sais pas comment tu pourras parvenir à l’arrivée. Quand tu n’as ni la force ni l’envie d’avancer. Mais je sais aussi que bâcher à cet instant de la course serait une source de regrets éternels. Je le pousse à retenter la course, doucement, par petits pas… Il essaie mais s’arrête de nouveau. L’interminable ligne droite lui a cassé les pattes et, il est vrai, que l’on n’en voit pas encore la fin. Je le pousse de nouveau quand je sais que le parc de la tête d’or est proche. Il se fait violence, sa foulée est poussive mais il recourt jusqu’à, enfin, apercevoir le demi-tour. On est au 38ème kilomètre quand, enfin, il rebrousse chemin. Une bénévole se joint à nos encouragements et Patou retrouve une certaine dynamique dans la foulée. Je le quitte pour rejoindre Régis.

Cindy et moi sommes inquiets. Voir Patou aussi mal, ne laisse rien présager de bon pour l’état physique et psychologique de notre Régis. Lui, qui luttait déjà il y de ça 5 ou 6 kilomètres de là, pourrait être en plus grande détresse que Patou. Mais le sport nous révèle des ressources inconnues. A notre grande surprise, on retrouve très vite notre Régis qui a retrouvé un très bon rythme. Ses traits sont détendus et, même si l’on sent bien les efforts passés, il a conservé une relative fraîcheur. Je hurle, mélange de joie de et surprise, avant que, comme par magie nous croisons Patou. Pour la première fois, l’espace de quelques secondes, nous sommes tous les 4 réunis.

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Régis est vraiment bien, rien à voir avec le 32ème kilomètre, et c’est sans inquiétude que je les laisse finir en amoureux les ultimes kilomètres du champion.

Je remonte des coureurs clairsemés et harassés. Certains marchent, titubent, tentent de se ravitailler… Que de souffrance, que d’efforts… Ces gens sont fous…

Je crains que Patou ne se soit fait doubler par le meneur d’allure des 3h30 qui lui collait aux baskets au 38ème. Lors de son dernier marathon, 14 ans en arrière, il avait terminé, à l’agonie, en 3h30, sans l’entraînement nécessaire à ce genre d’épreuve. J’ai du mal à imaginer l’impact d’une perf inférieure alors que, cette fois, sa préparation a été sérieuse.

Je savais pourtant qu’il serait dans le dur dans les 10 derniers. Il dira qu’il manquait de fond, je pense qu’il manquait de jus. Mais on en reparlera pour le prochain, à Rome, en mars 2013.

Je rejoins le ballon des 3h30 au niveau de la piscine du Rhône. Ce meneur d’allure se repère à l’oreille. Il met une ambiance du tonnerre, qui ne décroit pas, malgré un nombre de coureur très restreint autour de lui. Pas de Patou parmi eux, il est encore quelques minutes plus loin. Ouf !!! Je le scrute, à quelques mètres de lui, bloqué par d’autres coureurs. Ses talons remontent de nouveau, sa foulée a retrouvé de sa dynamique et je sens bien qu’il avance de nouveau sur des bases inférieures à 5 minutes au kil. Je suis heureux, et m’empresse de le féliciter quand je parviens enfin à sa hauteur. Il râle après les suiveurs, le parcours et le chrono… Ca y est, j’ai retrouvé mon Patou ! Il double encore quelques coureurs. Ce qui peut paraître anecdotique mais, je peux vous assurer que, moralement, c’est très important. Le pont de l’université, un dernier coup de cul que je lui avais involontairement caché, un virage à gauche avant l’ultime ligne droite d’arrivée.  J’ai la chance de le suivre, il ne sprinte pas, mais allonge la foulée. Je sais ce qu’il ressent à cet instant, cette émotion, ces instants de gloire qu’il faut savourer tant ils sont mérités, j’en ai des frissons !!

On sent la délivrance une fois la ligne franchie, tout son corps se relâche, il titube, tente de reprendre son souffle. Il est allé au bout de l’effort, aux frontières de son possible et le tout en moins de 3h30. Phénoménal.

Ce n’est pas fini ! Pour que la fête soit totale, il faut que Régis le rejoigne dans cette aire d’arrivée. Je luis donne une veste pour qu’il n’attrape pas froid. Déjà qu’au naturel, il est chiant, je ne vous raconte pas malade !!! Je remonte la place Bellecour, à contre sens des coureurs, afin de trouver la meilleure perspective sur l’ultime virage avant l’arrivée de mon Régis.

Il arrivera plus vite que mes prévisions. Il a vraiment bien fini ! Son ultime sprint en sera la preuve. Je hurle ma joie et ma fierté, le suit dans les ultimes instants d’effort avant que, une fois la ligne passée, il donne lui aussi l’impression que ses jambes ne peuvent plus supporter le poids de son corps.

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L’ambiance derrière l’arche d’arrivée est quasi paranormale, presque artificielle. Quand je vous disais, en introduction, que l’on retrouve toute la définition du marathonien dans ces quelques mètres carrés ce n’est pas une image mais la simple réalité. Patou a accueilli Régis sans avoir vraiment récupéré. A les voir tous les deux, assis et silencieux, le regard aussi vide que le corps, je me demande où placer le curseur entre le malaise et le dégoût… Je m’attends à ce qu’ils lèvent la tête pour me dire : « Plus jamais ça »… et si l’on regarde autour d’eux, tout le monde est pareil. Il règne un silence de cathédrale dans le sas d’arrivée. Les accompagnateurs n’ont pas de mot et les forçats de la route n’ont plus la force de formuler leur joie…

Après une dizaine de minutes de récupération, Régis entonnera fièrement «  Je suis un Marathonien !!! »… Tout est là !!!

034

Les chiffres illustrent la performance, Patou, 122ème en 3h24’49’’ et Régis,  195ème en 3h34’01’’ (sur 923 classés.), mais l’important est ailleurs et ça, seuls eux, peuvent nous le dire…

Marathon-Lyon 

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commentaires

F
Bravo les gars, jolie performance et un récit toujours aussi prenant. Bonne récup' les gars.
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R
Merci pour l'histoire, t’écris vraiment trop bien... J'ai l'impression de que tu parles de quelqu'un d'autre.
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